Fin de mandat au CESE : témoignage d’Emelyn Weber

Ce 31 mars, le mandat au Conseil économique, social et environnemental (CESE) d’Emelyn Weber a pris fin. Au cours de sa mandature, Emelyn a occupé le rôle de présidente de la Délégation aux droits des femmes et de présidente du Groupe des organisations étudiantes et mouvements de jeunesse. Lors de son entrée au CESE, Emelyn Weber est devenue la plus jeune conseillère du CESE, son parcours réussi au CESE montre à quel point il est important de confier des responsabilités aux jeunes concerné·e·s dans les institutions. 

Elle a en outre rapporté 2 avis :

→ Cet avis regroupe 20 préconisations réparties en 4 axes, proposant un nouveau système d’accueil pour la France, avec notamment la création de Centres d’accueil initial (CAI), qui concentreraient l’ensemble des fonctions nécessaires à la prise en charge des réfugié·e·s.

→ Cet avis comporte 4 préconisations fortes, comme celle d’imposer l’égalité entre les femmes et les hommes.

Le FFJ a souhaité lui donner la parole sur les cinq années qu’elle a passées au CESE. Voici son témoignage :

“Le CESE est la troisième assemblée de la République. Son rôle est de conseiller les pouvoirs publics (gouvernement, parlement, collectivités…) sur les politiques à mener à l’avenir. Il est composé de représentant·e·s de la société civile. Il s’agit des organisations patronales (Medef, CPME, FNSEA, Confédération paysanne, U2P, coopératives…), salariées (CFDT, CGT, CGT-FO, CTFC, CFE-CGC, UNSA, Solidaires), d’associations (fondations, mouvement associatif, associations de protection de l’environnement, familles, mutualités, ONG, associations de jeunes). Ces dernières années, beaucoup de discussions ont porté sur une grande réforme qui va impacter le Conseil. Les deux grands axes de la réforme portent sur le rôle plus important du CESE pour les avis sur les projets de loi et les impulsions données par la participation citoyenne.

Être conseillère au CESE, c’est pour moi défendre un ou des intérêts dans des propositions qui ont du poids quand elles sont partagées par un grand nombre d’acteur·rice·s. Par exemple, en tant que représentante du FFJ, j’ai eu à porter la voix et les besoins des jeunes pour qu’un maximum d’avis du CESE prennent en compte la situation des jeunes et tentent de répondre à leurs problématiques. Du coup, c’est à la fois un travail de terrain (Que vivent les jeunes en ce moment ? Que font les pouvoirs publics pour y remédier ? Et nos associations ?) mais aussi d’analyse et de propositions.

Pendant 5 ans, le FFJ a été représenté au sein du groupe OEMJ par deux conseiller·ère·s. Il a fait partie des organisations les plus impliquées dans la vie du CESE : participation aux évènements, actions pour solliciter des entretiens ou des auditions devant les membres du CESE, travail de fond sur les constats et les propositions du CESE, sans oublier un travail actif et acharné pour pousser le CESE à s’ouvrir davantage dans le cadre de sa réforme.

J’ai eu énormément de chance de vivre ce mandat au service des jeunes. Ma plus grande fierté restera un avis que j’ai co-rapporté sur l’accueil des demandeur.euse·s d’asile dans l’Union européenne. Cet avis, c’était l’occasion de transmettre aux conseiller·ère·s avec qui je travaillais toute l’humanité des parcours des migrant·e·s, leurs joies mais aussi toute la dureté de leur traversée et de leur vie à l’arrivée en France. Par des entretiens, des auditions, des déplacements de terrain, j’ai vraiment senti un “changement de mentalité” sur le collectif qui travaillait sur ce dossier. Ça m’a donné beaucoup d’espoir. Ça m’a permis d’acter que quand on est conscient de ce que vivent les personnes, on peut les comprendre et donc s’ouvrir à elles. Je crois que j’y ai transmis les valeurs humaines et de solidarité que j’ai reçues de mon organisation d’origine, à savoir la Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC). Il y a aussi eu l’incroyable travail d’équipes avec les autres copains des organisations de jeunes. Par le biais de nos avis, dans lesquels on militait pour donner toute leur place aux jeunes, mais également par des dynamiques plus larges. Par exemple, nous avons mené un travail important pour valoriser l’apport des organisations de jeunes au sein de l’institution, et de la société toute entière. C’était par exemple un événement autour de la place des jeunes dans les organisations, ou encore l’édition de notre bilan après quasiment 10 ans d’existence du groupe.

Comment faire avancer la participation des jeunes aux politiques publiques ? 

C’est bien sûr un travail de veille. C’est-à-dire toujours se demander si les jeunes sont concerné·e·s par la problématique, se questionner sur ce qu’ils·elles vivent, sur leurs difficultés, et sur les solutions à y apporter. Mais c’est avant tout ne jamais faire sans eux. Systématiquement, il faut rappeler que les jeunes ne peuvent pas être en dehors de la prise des décisions qui les concernent (comme toutes et tous, d’ailleurs). C’est la démocratie ! Or, notre place est sans cesse à défendre. Même quand on croit que c’est “gagné”, il faut se méfier. C’est finalement comme les droits des femmes, sans vigilance accrue et constante, ça peut vite partir en fumée. On l’a vu de façon très directe avec la place des organisations de jeunes dans le cadre de la réforme du CESE…

Ces 5 années ont été passionnantes, mais le risque d’un tel mandat, c’est de perdre le terrain, la notion de réalité. C’est pour ça que je ne me serais pas vue continuer l’aventure (même si ça n’a jamais été d’actualité). Par contre, cette période m’a donné envie de découvrir des tonnes de nouveaux engagements : professionnel, féministe, mutualiste, pourquoi pas syndical ! Bref, cela a conforté mon souhait d’une vie au service des autres, d’une vie engagée. J’ai réussi il y a peu un concours qui va m’amener à encadrer des équipes au sein des administrations de l’Etat. Je ne sais pas encore quel poste j’exercerai, mais je compte bien mettre ce que j’ai reçu durant ce mandat au service des jeunes et des personnes qui travailleront à mes côtés…”

Le FFJ remercie Emelyn pour son engagement avec et pour les jeunes. Merci d’avoir entendu et porté la voix du FFJ et de la JOC. Au plaisir de te recroiser dans des projets futurs, autant en tant que militante que professionnelle !

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