Début de mandat CESE : Agathe Hamel

A l’occasion de la nomination d’Agathe Hamel en tant que nouvelle représentante du FFJ au sein du groupe OEMJ du CESE, nous avons échangé avec elle afin d’en savoir un peu plus sur son parcours et ses aspirations.

Peux-tu nous parler de ton parcours d’engagement ?

Quand je pense à mon “parcours d’engagement”, je pense surtout aux personnes qui m’ont fait évoluer, changer de direction, comprendre des choses sur mon environnement et moi-même. Ma famille m’a pas mal amenée dans d’autres espaces, d’autres pays, et je crois que mon premier engagement s’est situé à cet endroit : un pacte avec moi-même, de toujours me rappeler que ce qui est mien ne l’est pas pour d’autres, et que ma réalité est précieuse, mais qu’elle n’en est pas pour autant le centre du monde. Je suis partie tôt, seule, voir comment ça se passait ailleurs, parce que je sentais qu’il y avait des opacités dans le modèle qu’on me proposait, et qu’on posait parfois comme une vérité absolue.

Adolescente, j’avais le sentiment qu’on tentait de me simplifier des choses qui auraient dû rester complexes pour rester justes, tout simplement parce que les adultes avaient peur de cette complexité. Un monde sans complexité, sans diversité, me mettait mal à l’aise, déjà vis à vis de mes propres identités, et face à celles des autres. A partir de là, j’ai fui les engagements qui me semblaient promouvoir des absolus, et j’ai cherché les endroits d’intersections. J’ai eu la chance de croiser des personnes dans une démarche similaire, au lycée, à l’université, à l’étranger, dans mes engagements militants ou dans la rue, aussi.

J’ai traversé des étapes importantes de ma vie de jeune adulte au sein d’une association en particulier, qui s’appelle Coexister, et qui promeut l’engagement des jeunes dans leur diversité et leur capacité à agir ensemble pour la société. C’est une des premières associations qui m’a fait confiance, dès mes 22 ans, pour intervenir en milieu scolaire, répondre à des médias, organiser des repas interconvictionnels, des débats, interpeller des élu.e.s, devenir une actrice expérimentée du lien social ! J’y ai également découvert la communication non violente, qui m’accompagne désormais dans tous mes engagements, et qui me sera précieuse dans une institution telle que le CESE.

Un autre marqueur important dans mon parcours est certainement mon engagement féministe, qui me demande beaucoup de travail personnel. On ne s’en rend pas forcément compte, mais au-delà des études ou des “postes” militants qu’on peut occuper, les plus difficiles et courageux sont à mes yeux ceux qui, pour exiger plus d’égalité, continuent de nous mettre dans des espaces de vulnérabilité. J’admire beaucoup de militant.e.s sur ce dernier aspect. Pour ma part, je tente de le faire au quotidien, dans tous les endroits où j’observe de la violence et des discriminations, notamment auprès des plus jeunes.

Quelles sont tes aspirations, tes ambitions pour ce mandat à venir ?

Même si elle m’est très chère, je pense qu’on ne pourra pas répondre à la question du renouveau démocratique si on ne répond pas à celle de la précarité et de la santé mentale des jeunes. Nos organisations alertent depuis des mois sur ces deux enjeux primordiaux des suites de la crise sanitaire. Avec les autres membres du groupe OEMJ (Organisations Étudiantes et Mouvement de Jeunesse), j’espère que nous réussirons à décrocher des avancées réelles pour soutenir les jeunes et les étudiant.e.s sur du court-terme, mais aussi sur du long-terme.

Les enjeux environnementaux n’ont pas été réglés par la Convention Citoyenne pour le Climat : il faut maintenant voir comment le CESE peut appuyer leur mise en œuvre et continuer d’être proactif sur cette question. Il me semble que dans un mandat de 5 ans, la question environnementale doit être présente à chaque endroit et sur chaque avis porté par l’institution.

D’un point de vue plus personnel, j’ai le sentiment que le CESE est un lieu adapté pour poser un espace de dialogue autour des questions d’égalité, de genre et du fonctionnement patriarcal de notre société. Il existe une réelle demande sociale autour de ces enjeux, qui sont parfois pris dans des jeux politiques et médiatiques qui ne nous permettent pas de débattre sereinement. Je suis convaincue qu’il y a des personnes compétentes dans cette institution pour porter ces enjeux de société, il y a les moyens d’aller s’informer sur le terrain pour prendre des décisions éclairées : alors allons-y ! Même si ça fait peur et que ça demandera à chacune de nos organisations de réfléchir à leur propre fonctionnement, il me semble que c’est le bon moment et le bon endroit pour un débat institutionnel sans dogmatisme.

Dans le contexte actuel, que penses-tu de la représentation des jeunes dans le débat public ?

Le renouvellement de la place des jeunes au CESE n’a pas été sans encombres (tout comme celle des femmes…). Cela montre bien à quel point les acquis sont fragiles. Avec les autres membres du groupe, nous avons bien conscience de cela, et on sait qu’il va falloir que l’on travaille deux fois plus pour prouver qu’on y a notre place. Un autre enjeu est de montrer que la jeunesse a des choses à dire sur bien des sujets, et que notre parole ne doit pas être reléguée aux seuls enjeux de l’éducation, mais que nous sommes également concerné.e.s par les questions environnementales, autour de l’avenir du travail, de l’accès aux droits, etc.

Je milite également pour faire abaisser la majorité électorale à 16 ans. C’est l’âge où l’on devient responsable pénalement, où l’on acquiert un certain nombre de droits civiques. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas se prononcer sur celles et ceux qui font les lois. Faire participer les jeunes au choix de nos représentant.e.s me semble être un moteur crucial de leur engagement dans la construction démocratique de leur quartier, de leur ville, leur pays, et au sein de l’Union Européenne. Cette reconnaissance de leur capacité à participer au débat public est un enjeu crucial.

Pour finir, je suis persuadée qu’il faut faire de la place des jeunes un enjeu primordial de la présidentielle à venir. Sans oublier, bien sûr, que la jeunesse a souvent été un bel étendard politique sans modification radicale de leur situation sur les territoires… Il faudra trouver des moyens pour que les candidat.e.s s’engagent sur un certain nombre de sujets qui sont aujourd’hui cruciaux : l’écologie, la lutte contre la précarité, la santé, l’avenir du travail, l’accès indifférencié aux dispositifs de droits communs et à l’égalité de traitement, etc.

L’un des premiers enjeux de ma mandature sera d’arriver à construire un espace commun avec les trois autres membres du groupe OEMJ, ainsi que d’autres conseiller.e.s, car comme partout, c’est grâce au collectif et à l’amitié que l’on a le plus de chance de faire évoluer les choses !

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