Fin de mandats au CESE : témoignage de Bertrand Coly

Le 31 mars, le mandat au Conseil économique, social et environnemental (CESE) de Bertrand Coly a pris fin. Au cours de sa mandature, Bertrand a été membre de la Section de l’aménagement durable des territoires, de la Section de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, de la Commission temporaire “Déserts médicaux”, mais aussi vice-président de la Délégation à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques. Enfin, il a été élu vice-président du CESE en octobre 2020. C’est en cette qualité qu’il a porté une déclaration du bureau du CESE, “Jeunes, le devoir d’avenir”, demandant l’ouverture des minimas sociaux aux moins de 25 ans, pour faire face à la crise.

Il a également rapporté 2 avis : 

→ Cet avis comporte 19 préconisations, telles que l’élaboration d’un cahier des charges national pour concevoir des formations à destination des agriculteur·rice·s.

→ Cet avis regroupe 16 préconisations, réparties en 4 axes, afin de favoriser le renforcement de la place des jeunes dans les territoires ruraux.

Le FFJ a souhaité lui donner la parole sur les cinq années qu’il a passées au CESE. Voici son témoignage :

Bertrand Coly (FFJ/MRJC) 

“Après 5 années à représenter le FFJ et le MRJC au CESE, mon mandat s’arrête ce 31 mars 2021. Le Conseil Économique Social et Environnemental, je me le décrivais en y arrivant comme une sorte de Sénat “plan-plan” pour responsables associatifs nationaux en fin de carrière. Connaissant son rôle de troisième assemblée consultative de notre démocratie regroupant les principaux corps intermédiaires, il me paraissait primordial d’y faire entrer les organisations de jeunes pour faire entendre la voix de celles et ceux trop rarement écouté·e·s. Je me donnais ce rôle avec les autres membres du groupe des Organisations Étudiantes et Mouvement de Jeunesse (OEMJ) et de faire de ce conseil un espace plus en prise avec la société, approprié par les jeunes, leurs organisations et tou·te·s les citoyen·ne·s, capables d’être le porte-voix de leurs propositions, leurs colères et leurs espoirs.

Durant ces 5 années, j’ai alterné mes semaines entre deux journées au CESE en moyenne et des activités professionnelles et militantes dans mon territoire (la Brenne, dans le Sud de l’Indre). Des activités qui se sont largement répandues : défense de services publics de proximité, place des jeunes dans les territoires ruraux, et transition écologique notamment. Présent au sein des sections de l’agriculture et de l’aménagement du territoire, j’ai découvert de très nombreux acteurs et sujets, souvent passionnants. Vice-président du CESE pour les six derniers mois du mandat, j’ai élargi le champ des sujets traités parfois plus éloignés de mes compétences premières.

Ce dont je suis le plus fier ? J’ai le sentiment d’avoir réussi, même imparfaitement, à réaliser ce que je m’étais donné comme objectifs et les attentes du FFJ et du MRJC pour ce mandat. J’ai été rapporteur de 2 avis (à retrouver en introduction de cet article) que j’ai fait vivre, et qui ont trouvé des traductions en termes de politiques publiques. J’ai participé à l’animation d’échanges avec les représentant·e·s des organisations de jeunes dans les CESER, tenté de faire avancer la place des jeunes au sein des corps intermédiaires, alerté sur la situation de la jeunesse, maintenu un lien continu tant avec le FFJ que le MRJC, participé à renforcer les liens entres les organisations du groupe, donné à voir de nouvelles méthodes de travail au CESE, fait venir de nombreux·ses jeunes au CESE pour qu’ils prennent la parole, et poussé pour une réforme du CESE qui donne plus de place à la participation citoyenne afin de le rendre plus utile. Toutes ces actions ont été collectives, en particulier au sein du groupe des organisations de jeunes, dont je remercie chacun·e, car vraiment on s’est bien marré·e·s à réaliser tout cela.

Restent aussi des regrets : ne pas être allé plus loin sur l’ensemble de ces sujets, avec le sentiment qu’après 5 années, la situation des jeunes n’a pas vraiment progressé. Ils·elles demeurent toujours exclu·e·s des minimas sociaux, leurs perspectives sont plus sombres encore qu’il y a 5 ans, il n’y a pas vraiment plus de considération pour eux·elles et leurs organisations, et c’est même un euphémisme. Dans ce cadre, la perte d’un siège pour le FFJ est pour moi un échec désolant. Il reste du travail pour les successeur·euse·s !

Pour finir, et au-delà du CESE, je quitte ce 31 mars 20 ans d’engagement au sein des organisations de jeunes, à la fois au MRJC et au FFJ, que j’ai participé à construire. Sur cette période, l’ensemble des organisations de jeunes a largement changé, MeeToo a obligé un questionnement profond qui n’est pas terminé, les organisations ont gagné en autonomie mais de ce fait aussi en fragilité, et n’ont pas été épargnées par la remise en cause des corps intermédiaires, à la fois de la base et du pouvoir. Dans le même temps, la jeunesse n’a pas cessé d’être un slogan politique porteur qui n’a débouché sur rien de structurant ou pire… désespérant.

Dans ce contexte, je crois trois choses importantes : les organisations de jeunes doivent se serrer les coudes, au-delà de leurs différences politiques ou thématiques et de leurs pratiques, un certain nombre d’aspirations sont proches et c’est en portant des choses ensemble qu’elles auront plus de poids. Il faut aussi renforcer ou construire des pratiques démocratiques qui régulent le moins mal possible les enjeux de pouvoir et les ambitions personnelles : c’est la crédibilité des organisations qui est en jeu. Le grand défi reste de réunir plus de jeunes dans leur diversité, je crois qu’en partant de ce que sont les organisations dans les territoires, des actions et stratégies communes peuvent faciliter ce défi colossal.

Sur ces conseils de vieux con, bon vent !”

Le FFJ remercie Bertrand pour son implication avec et pour les jeunes. Merci d’avoir entendu et porté la voix du FFJ et du MRJC. Au plaisir de te recroiser dans à l’avenir, autant en tant que militant que professionnel !

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