Dans le cadre de la campagne “#JeVote !” de l’Anacej, l’Association Nationale de Conseils d’Enfants et de Jeunes a révélé les résultats de son sondage, réalisé par l’Ifop, sur le comportement électoral des 18-25 ans en vue des élections régionales des 6 et 13 décembre 2015. Le Forum Français de la Jeunesse réagit et apporte son analyse à ces résultats.
“Malheureusement mais sans surprise, le sondage de l’ANACEJ et l’IFOP présageait la forte abstention des jeunes aux élections régionales des 6 et 13 décembre 2015. Les jeunes inscrits sur les listes électorales sont 76 % à s’être abstenus au 1er tour. Ce chiffre interpelle alors qu’ils sont nombreux à être attachés à leur région et près de 90 % à être informés de la réforme territoriale en cours. Toutefois, les analyses du vote des jeunes dont notre Avis « Le vote et la participation des jeunes en France » identifient un intérêt de plus en plus prononcé des jeunes pour la politique mais un recours au vote très pragmatique, réfléchi. Plus que le reste de la population, les jeunes ne vont pas voter s’ils ne voient pas ce que cela va changer et de quelle manière ça peut faire évoluer la société.
Au-delà de constater la forte abstention des jeunes ou leur vote pour le Front National (moins important que celui des 25-49 ans), il est nécessaire d’en analyser les raisons. Ce sondage montre un manque d’attachement des jeunes à leur nouvelle région et d’information sur le rôle des Conseils Régionaux, les enjeux de l’élection, les candidats et les programmes. Ceci freine leur appropriation des élections régionales et leur volonté de voter. De plus, il marque à nouveau l’importance du niveau de diplôme et de la catégorie socioprofessionnelle sur le vote des jeunes. Les plus modestes et moins diplômés étant plus nombreux à s’abstenir et à être attirés par un vote Front National. Les situations précaires vécues par les jeunes, qui mettent de plus en plus de temps à accéder à l’autonomie, jouent aussi un rôle. Passés les premiers votes entre 18 et 20 ans, la participation des jeunes aux élections baisse jusqu’à ce qu’ils accèdent à une situation stable vers 30 ou 35 ans.
Ces constats dépassent la question du positionnement politique des jeunes et appellent des réponses claires. Lorsque la première raison d’abstention des jeunes est qu’ils ne seront pas dans la ville où ils sont inscrits, il devient impératif de parer à leur forte mobilité et de simplifier les démarches de vote. Il faut permettre l’inscription sur les listes électorales jusqu’à 10 jours avant les scrutins (l’inscription jusqu’à fin septembre 2015 a entrainé 800 000 inscrits supplémentaires), faciliter le vote par correspondance et informer davantage sur la possibilité de procuration. Il faut renforcer la sensibilisation et la communication sur les rôles et fonctionnements des divers échelons de l’Etat et sur les dates et raisons des élections. Ceci, en diversifiant les canaux d’informations (écoles, médias, réseaux sociaux, associations, etc.) et sans attendre que les personnes se renseignent seules. Plus largement, il faut se fixer comme mission de lutter contre les discriminations et les écarts majeurs d’appropriation des questions politiques, notamment en fonction des catégories sociales et des niveaux de diplôme. Il faut soutenir et valoriser l’engagement et les actions d’éducation civique et populaire, cités par les jeunes sondés comme des leviers importants pour qu’ils participent au vote. Enfin, il est primordial d’améliorer la place des jeunes dans notre société et nos processus démocratiques, et de préciser comment se vivra la démocratie locale dans les nouvelles régions, sans quoi leur intérêt pour les élections et leur confiance dans le fait que voter puisse améliorer nos vies ne feront que continuer à diminuer. Comme ils le font aujourd’hui, ils persisteraient alors à investir d’autres moyens d’agir sur leurs quotidiens et de faire évoluer la société. ”
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