Le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) prépare une étude sur le Service civique « Service civique : quel bilan ? quelles perspectives ? ». C’est dans ce cadre que le Forum Français de la Jeunesse a été invité, mardi 13 septembre, à exprimer sa position sur le sujet. Également à la table-ronde, les organisations étudiantes et mouvements de jeunesse du CESE ainsi qu’Animafac.
Les différentes organisations présentes ont partagé le constat des difficultés pratiques liées à l’augmentation du nombre de places en Service civique. Aussi, la plupart d’entre elles ont exprimé leur opposition au Service civique obligatoire pour au moins deux raisons : la première est que l’engagement doit rester volontaire, conformément à son essence, la seconde est qu’il existe une diversité de formes d’engagements et que le Service civique ne peut être l’alpha et l’oméga de la politique publique en faveur de l’engagement des jeunes !
Ce sujet est d’importance pour le Forum français de la jeunesse car il est l’un des éléments centraux de la politique jeunesse menée depuis 2010. Notre association a toujours salué cette volonté « de renforcer la cohésion nationale et de favoriser la mixité sociale en offrant la possibilité aux jeunes de 16 à 25 ans de s’engager pour une durée de 6 à 12 mois dans une mission d’intérêt général ». Pour autant, nous considérons qu’une politique ambitieuse de jeunesse doit aller bien au-delà.
Si la majorité des volontaires salue le dispositif (89% pour la TNS-Sofres en 2013, quand le Service civique concernait 10.000 jeunes), plusieurs interrogations subsistent :
- Des demandes d’engagements ne sont pas soutenues : en 2015, on dénombre un bénéficiaire pour cinq demandes et 56.000 missions proposées. Il apparaît essentiel dans un premier temps de s’atteler à l’objectif ambitieux de garantir ce droit. Une multiplication des missions par 3 est nécessaire. Cela représente déjà un véritable défi qui demande une augmentation des moyens humains et financiers, notamment pour l’Agence du Service civique qui doit pouvoir s’assurer de la qualité de chaque mission proposée et du caractère d’intérêt général de cette dernière.
- L’engagement doit d’abord rester un choix personnel. L’engagement dans des missions non indemnisées ne relève pas du volontariat mais du bénévolat. Ne laissons pas entendre que les jeunes auraient besoin du « Service civique universel » pour s’engager. Ils sont déjà 3,3 millions à s’engager bénévolement dans des associations, syndicats ou partis politiques. Il est alors nécessaire de sauvegarder à la fois les spécificités du bénévolat et celles de l’engagement de Service civique.
Ainsi, le Forum Français de la Jeunesse porte 3 points de vigilance :
1) Il faut s’assurer que le Service civique ne puisse en aucun cas être un emploi déguisé ;
2) Il faut mettre en place un contrôle effectif des missions proposées et un encadrement de qualité ;
3) Le Service civique doit être une vraie chance de rebond pour la.le jeune volontaire. Volontariat, indemnité, accompagnement et durée significative des missions sont les conditions qui en font une étape de vie structurante dans le parcours des jeunes, notamment de celles et ceux les plus éloigné.e.s de l’engagement. Dans ce sens, les formations reçues par celui.celle-ci tout au long du volontariat doivent être multipliées afin de l’aider à remplir sa mission, et ensuite de lui permettre de tirer le meilleur de cette expérience dans son projet de vie future.
Présenté comme un tremplin vers l’emploi, notamment pour des « décrocheur.euse.s » du système scolaire, le Service civique n’atteint que « partiellement » sa mission de mixité sociale, selon la Cour des comptes. Les volontaires sont moins de 25 % à ne pas avoir le bac (l’objectif était d’un tiers), seulement 18 % sont issus des « quartiers » (25 % était escompté) et seules 0,4 % sont des personnes en situation de handicap (alors que le dispositif prévoyait 6 %).
Conscient des opportunités personnelles et sociales que permet le Service civique, le FFJ rappelle toutefois que ce dispositif ne peut être considéré comme un outil pour l’insertion professionnelle ou pour pallier les difficultés de la politique de soutien à l’emploi des jeunes. Les organisations réunies au sein du Forum Français de la Jeunesse souhaitent que la Priorité Jeunesse se recentre sur ses objectifs, sans pour autant oublier ce qui a été effectué jusque-là. Pour que les jeunes vivent mieux en 2017 qu’en 2012, il y a encore beaucoup à accomplir. Le FFJ, fort des jeunes qu’il représente et des propositions formulées depuis sa création, y sera vigilant.
Retrouvez notre communiqué de presse sur le Service civique universel !